#Melun, des voeux pour rien !

Vendredi soir, le maire de Melun présentait ses voeux à la population de notre ville. Rappelant qu’il avait fait de la sécurité la première des priorités de son mandat, il lui a consacré les trois quarts d’un discours ultra-sécuritaire. Pour dire quoi ?

Il a dressé un portrait catastrophique des quartiers populaires qu’il considère uniquement gangrénés par les trafics et la violence, ignorant complètement que ces quartiers sont aussi, et souvent bien plus que d’autres, des espaces de solidarité, de convivialité où des femmes et des hommes, parfois constitué.e.s en collectifs citoyens, s’engagent tous les jours dans la vie de leur quartier. On n’y compte plus les initiatives de soutien scolaire, d’aide au plus démuni-es, de sensibilisation à l’écologie, etc.

Il n’est pas question de nier les problèmes réels qu’y rencontrent les habitant.e.s mais de rétablir l’ordre des difficultés auxquelles elles et ils sont confronté.e.s. La très forte ségrégation qui marque l’espace social à Melun et fait de ces quartiers des espaces entièrement à part où personne ne va sinon quand on y vit, se double d’un taux de chômage qui n’a aucun équivalent ailleurs dans la ville. Les enfants, scolarisés dans des écoles qui concentrent tous les problèmes, rencontrent de multiples difficultés d’apprentissage et les habitant.e.s sont régulièrement exposés à toutes les formes de discrimination dans leur relation aux institutions publiques et sur le marché du travail.

Notre maire fait semblant d’ignorer que l’incivisme, les trafics illicites et la violence qui, faut-il le rappeler, restent des comportements ultra minoritaires bien que leurs conséquences soient souvent très graves, trouvent leur origine dans le traitement si particulier que la République française et singulièrement la ville de Melun réservent aux habitant.e.s des quartiers populaires. Augmenter, comme il le fait, le nombre de policiers municipaux (jusqu’à 50) pèsera très lourd sur le budget de Melun alors même que cette réponse uniquement répressive a mainte fois montré son inefficacité. De fait, elle empêche la mise en oeuvre de politiques de prévention, d’inclusion et de solidarité qui ont, au contraire, fait leur preuve.

Le deuxième axe de son discours, qu’il a présenté comme sa deuxième priorité, s’est concentré sur la propreté. Là encore, il n’a été question que de brigade verte et de verbalisation. Comme si le traitement des déchets ne méritait pas que Melun s’engage avec sa population dans une politique ambitieuse de réduction, de tri et de recyclage. Une politique menée par plusieurs municipalités en France et en Europe qui fonctionne et permet de créer des dizaines d’emplois locaux non délocalisables en plus de régler par l’implication citoyenne le problème des dépôts sauvages. Là encore, notre maire fait preuve d’une absence totale de vision politique, aveuglé par une conception uniquement répressive de l’ordre public où les citoyen.ne.s ne sont jamais que de potentiel.le.s fauteurs de trouble qu’il faut contrôler et, le cas échéant, punir. Il n’a même pas cité le travail remarquable accompli cet automne par une association d’habitant.e.s du quartier schuman pour sensibiliser les enfants, et par leur intermédiaire, les familles du quartier à la propreté et au tri.

M. Vogel a montré ce soir là qu’il partageait avec Javert, le policier des Misérables, la conviction qu’on ne peut pas faire confiance aux êtres humains et qu’à moins d’un système répressif et autoritaire, la société est vouée au chaos.

Les seuls éléments positifs de son discours portaient sur le développement d’un pôle universitaire à Melun qui devrait bientôt accueillir une faculté de médecine. Mais alors même que le maire reconnaissait que notre ville est asphyxiée par les voitures et que cela avait été le principal grief formulé par ses habitant.e.s lors de la consultation organisée par la municipalité sur les aménagements du centre ville, il a pourtant soutenue l’idée qu’il fallait un pont supplémentaire à Melun. Il sait, comme s’est le cas partout et à chaque fois, que ce troisième pont augmentera inéluctablement le trafic routier dans la ville et nous exposera encore davantage à la pollution atmosphérique. Il ne peut ignorer qu’une telle infrastructure, très chère, est à contre-courant de ce qu’il faudrait faire pour inventer à Melun la ville du futur. Mais M. Vogel n’a rien dit de la nécessité de développer à Melun des modes de transport alternatifs à la voiture, à commencer par des pistes cyclables. Il n’a fait qu’évoquer le TZen, projet pharaonique et extrêmement couteux dont le trajet continue de faire débat et qui ne répond que partiellement à la demande croissante de transports en commun efficaces. D’ailleurs, de développement durable et respectueux des humains et de notre environnement, il n’a jamais été question. Rien, non plus, sur le caractère encore rural des alentours de la ville qui permettrait de porter des projets innovants autour d’un développement agricole local qui fournirait travail et nourriture saine et meilleur marché aux melunais.e.s.

Bref, ce fut un discours pour rien sinon un discours rétrograde qui n’augure rien de bon pour notre ville et ses habitant.e.s. On aurait pu espérer que pour ses premiers voeux à la population, M. Vogel dessine un avenir enviable pour Melun, un avenir positif, fait d’humanité et de respect, d’ouverture sur le monde alentour, de générosité, d’altruisme et d’écologie pour le mieux être de tou.te.s et pour le développement économique de la ville dont, là encore, il n’a jamais été question.

Voir aussi : http://www.larepublique77.fr/2017/01/17/politique-apres-les-voeux-de-louis-vogel-le-coup-de-gueule-de-l-opposition/

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